Vers la psychothérapie intégrative

Guerre et Paix, version psys


A l’heure où la psychologie est de plus en plus répandue et acceptée dans le quotidien de chacun, il y a quelque chose que la majorité des gens ne perçoivent pas et qui pourtant fait rage : une vraie guerre entre les différentes orientations de psys. Je vous ai présenté ces différents psys dans un premier article, il est temps de vous en dire un peu plus …



« Quoi, une guerre ? Peut-être pas quand même ! »


Et bien si. J'ai plusieurs fois été témoin de cette guerre avec des piques telles que « vous en psycho de la santé, vous ne savez même pas ce qu’est le complexe d’Œdipe ! », de la part d'un psychanalyste vers un psychologue de la santé (orientation TCC).
Accusation infondée, bien entendu.

Les attaques vont des simples piques de couloirs aux grands échanges dans les médias. Et chacun y va de son commentaire. Mon exemple était dans un sens, mais les psys en TCC savent aussi casser du sucre sur le dos de leurs camarades analystes. Loin de moi l’idée de dire qu’il y a le clan des méchants et le clan des gentils, je ne fais qu’observer une dure réalité !


Et alors, laquelle est la mieux au final?


Cette question n’a pas vraiment de réponse tranchée. Certains vous diront que ce sont les TCC car un rapport de l’INSERM a annoncé en 2004 les TCC comme étant les grandes gagnantes pour 15 pathologies sur 16.
La réalité des choses fait que c’est plus compliqué. Les TCC sont des thérapies qui se prêtent bien aux évaluations des progrès du patient, ce qui est loin d’être le cas de la psychanalyse. Dans ce cas, comment les comparer ?

Chaque approche a son intérêt. Ce qui compte le plus, c’est la relation entre le patient et son thérapeute. C’est en ce point que réside l’efficacité d’une quelconque psychothérapie, plus que la méthode elle-même. C’est pourquoi chaque patient doit avoir le choix entre plusieurs psychologues et choisir en connaissance de cause.

Aujourd’hui, l’attente des patients tend à aller vers un psychologue plus investi dans la relation, avec lequel il y a un échange actif. Ils mettent alors de côté ceux qui instaurent trop de distance (Françoise Champion, 2005).


Vers la fin de cette guerre...


Les esprits semblent s’apaiser, même si tout n’est pas encore gagné. Les psychanalystes de l’Association Psychanalytique Internationale montrent des signes d’ouverture aux TCC et aux évaluations.
De plus en plus dans les hôpitaux psychiatriques, les internes en médecine se refusent à privilégier une approche plutôt qu’une autre, et préfèrent travailler en complémentarité, chacun avec son approche.


Mais du coup, c’est chacun pour soi et on ne peut profiter que d’un seul type de thérapie ?


Allez, on met tout dans le shaker, et on voit ce que ça donne !

Depuis quelques années, une nouvelle « branche » de la psychologie a fait son apparition, et c’est peut-être en elle que se trouve la solution. Cette approche est en fait la réunion de toutes les autres approches : on parle de la psychologie intégrative.
En effet, pourquoi se cantonner à une seule méthode alors qu’on en dénombre en fait plus de 500 ? D’autant plus que chaque psychologue a tendance à y ajouter une touche personnelle.

Toutes ces approches se regroupent en 5, plus globales :

Psychanalytique : issue de la psychanalyse, elle tente d'accéder à l'inconscient et à la compléxité de la psyché humaine, et la thérapie correspond à une compréhension de soi et des autres.

Comportementale et cognitive : issue de la recherche scientifique, elles visent à remplacer une pensée ou un comportement inadapté par un qui convient aux attentes du patient afin de réduire sa souffrance psychique liée à cette pensée/ce comportement.

Systémique : le psychologue prend en compte l'environnement social du patient dans le cadre de la thérapie. Particulièrement adaptée aux thérapies familiales ou de couple.

Psychocorporelle : cette approche travaille sur le corps afin de diminuer les tensions psychologiques et libérer les émotions.

Humaniste : elle vise à amener le patient à prendre ses propres décisions, et à amorcer un changement en favorisant le développement de soi avec un regard positif sur ses propres capacités.


Que seraient les thérapies si on pouvait en avoir une qui regroupe l'ensemble ?


Tadaaaaa !!! Le shaker l’a fait pour nous !

En réalité, c’est Richard Meyer, principal fondateur de la psychothérapie intégrative, qui nous propose cette alternative. D’après lui, « La réunion de centaines de méthodes réalise une vue d’ensemble du fonctionnement humain, et permet sa compréhension globale. Une seule méthode ne permet pas de tout comprendre ».

Mais attention ! Savoir maîtriser l’ensemble de ces thérapies est un art… Tout le monde ne peut pas se vanter d’avoir autant de cordes à son arc et il est important de savoir avec qui on travaille. Alors encore une fois, n’hésitez pas à questionner votre psy sur ses références. Un psy sérieux n’aura aucun mal à vous parler de ses formations et compétences, ainsi que de ses limites, et il saura vous réorienter si besoin …


Mis en ligne le 30 Août 2015



Pour aller plus loin :

Richard Meyer, Manifeste de la Psychothérapie Intégrative, Dangles, 2010

Françoise Champion, Psychothérapies et Société, Armand Colin, 2008

Article du Cercle Psy : Pour en finir avec la guerre des psys (accès abonnés)

Article du Cercle Psy : Psychologie intégrative, place aux psys caméléons (en accès libre)