Un mental en acier

Un mental en acier


Qui n’a jamais rêvé d’être fort, de ne pas se laisser dominer par les évènements de la vie ou par les autres ?
Le concept de force mentale permet d’y arriver. La force mentale n’est bien entendu pas innée, mais elle peut s’apprendre par un travail sur soi, un contrôle de ses actions et une meilleure observation de son environnement social. Dans cet article je vous présente quelques clés pour développer un mental en acier.



« Nul ne peut te léser, si tu ne le veux point, car tu ne seras lésé que si tu juges que l’on te lèse. […] Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses »
Epictète (80 après J.C.)



Déjà à son époque, ce philosophe avait bien compris le fonctionnement du mental de l’être humain. Nous sommes dépendants de notre propre jugement. Ce ne sont pas les autres qui nous font du mal, mais bien nous-mêmes par les interprétations abusives que nous faisons de notre environnement.

La force mentale consiste à avoir un certain contrôle sur ces pensées, de découvrir leur provenance afin d’empêcher qu’elles ne surgissent à nouveau. Pour aider au développement de la force mentale et contrer certains signes de fragilité, Jacques H. Paget présente dans son ouvrage « Le pouvoir de la force mentale » 5 principes que l’on peut suivre de façon conjointe et simultanée :

La non-extrapolation vers l’intangible

La tempérance

La patience

Le courage

La sagesse

Pour le moment, ce n’est pas très parlant, mais je vais vous donner un peu plus de matière pour y réfléchir.



5 principes pour un moral en acier


La non-extrapolation vers l’intangible
Je vous l’accorde, rien que pour comprendre cette suite de mots, il faut déjà s’accrocher. Ce sont des mots compliqués pour un principe pourtant très simple : il ne faut pas faire d’interprétations sur des choses que l’on ne peut vérifier.

Un exemple : aujourd’hui votre collègue vous a lancé un regard de travers. Vous vous dites « pourquoi est-ce qu’il me regarde comme ça, moi ? », ou « qu’est-ce que je lui ai fait ? ». Mais avez-vous en l’état le moyen de savoir si vous êtes à l’origine de ce regard ? Non. Vous faites donc une interprétation de quelque chose que vous ne pouvez pas vérifier.

L’être humain a tendance à faire des extrapolations sur l’avenir, sur sa connaissance des personnes qui l’entourent à partir d’éléments qui ne permettent pas d’avoir une vision globale de la situation. Le cerveau humain se charge de faire le reste en créant les données manquantes. On base ensuite nos pensées et émotions sur cette extrapolation, persuadés au fond qu’elle est juste.
Persi Diaconis, mathématicien, a démontré que dans ce genre de situation, nous avons 75% de chance de nous tromper. Il y a donc 75% de chance que le résultat de l’extrapolation soit erroné.

Il y a 2 types d’extrapolation sur l’intangible :

Celles qui concernent un évènement positif : « il m’a regardée, donc il est amoureux de moi ». Cela génère des émotions positives, agréables, mais il y a une forte probabilité d’être déçu…

Celles qui concernent un évènement négatif : « j’ai marché dans un excrément ce matin, donc ma journée va être mauvaise ». Là, bien qu’il y ait de fortes chances d’avoir tort, votre regard aura changé et vous interprèterez tous les évènements pour qu’ils confirment votre attente. C'est également ce qu'on appelle l'auto-réalisation des prophéties.

Conclusion : pour rester objectif et ne pas souffrir pour rien, gare aux extrapolations !



La tempérance
Vous l’aurez peut-être deviné, la tempérance, c’est le fait de tempérer. Il s’agit là de ne pas se laisser dominer par ses émotions, par ses sens… etc. C’est savoir trouver un juste équilibre entre la raison et la passion.
Notre corps est assez doué pour faire preuve de tempérance : c’est ce qu’on appelle l’homéostasie (garder un certain équilibre). Il le fait notamment avec notre température corporelle, en l’adaptant pour optimiser notre état de santé. Quand on a de la fièvre, et donc que le corps ne peut plus être dans la tempérance, c’est qu’on est malade.
Le même principe s’applique à notre mental : si on ne parvient pas à faire preuve de tempérance dans nos réactions, nos comportements, notre psychisme finit par en souffrir.

En pratique, la tempérance consiste à être dans la retenue sans s’effacer :

Parler oui, mais pas couper la parole ou imposer son point de vue

Etre capable d’écouter et recevoir l’avis d’un autre sans forcément chercher à le contredire

Ne pas montrer ses émotions ou ses réactions à un interlocuteur avec lequel il existe un rapport de force


Petite astuce : si vous chercher à amener l’autre à entendre votre point de vue ou vos arguments, il ne sert à rien de lui dire qu’il a tort, vous allez juste le faire camper sur ses positions. Il sera plus efficace de lui dire « je suis d’accord avec vous, et j’irai même plus loin… ». De cette façon, vous exposez votre point de vue, même si ce dernier est en totale opposition avec celui de votre interlocuteur. C’est paradoxal, mais avec cette phrase vous flattez l’égo de l’autre, et il vous le rend inconsciemment en écoutant vos arguments.



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Mis en ligne le 20 Janvier 2016



Pour aller plus loin :

Jacques H. Paget, Le pouvoir de la force mentale, Plon, 2013

Extrait de l'ouvrage de J.H. Paget

D'autres règles de vie : Les 4 accords toltèques